Histoire du tournage par drone au coeur de Lyon confiné

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Histoire du tournage par drone au coeur de Lyon confiné

La capitale des Gaules, vue du ciel pendant le confinement du au Covid-19

Vidéo aérienne "Lyon confiné pendant le covid-19", par Olivier Mercier Video

Le retour du télépilote

Après six mois en Nouvelle- Zélande, séjour écourté par un certain coronavirus, je rentre finalement dans mes Alpes.

Ville-de-Blenheim

Confiné en altitude après mille et une péripéties pour rentrer de l’autre bout du monde en période de pandémie inédite, j’apprécie beaucoup cette période de repos.

 

Le besoin d'images

C’est durant cette période que Sami, qui gère le réseau de télépilote drone professionnel Hosiho, auquel j’appartiens, nous lance un appel : filmer les grandes villes durant cette période Historique de confinement.

 

Plusieurs opérateurs ont déjà filmé de grandes villes, Paris, Marseille, Lille, Strasbourg, Bordeaux, Nantes, Perpignan, La Rochelle, Limoges, Caen, Montpellier, Beauvais, etc, alors que j’étais encore au pays des kiwis. Il se trouve que personne n’a répondu à l’appel pour la ville de Lyon. « Tiens, pourquoi pas » me dis-je.

 

Après six mois de découverte et d’expériences nouvelles à l’autre bout du monde, mes connaissances administratives pour le vol en ville sont un peu rouillées. Je décide de me remettre en selle. Assurance, déclaration S3 sur Alphatango, bref échange avec la préfecture et cinq jours plus tard me voilà en route pour la capitale des gaules.

 

Très franchement, je n’apprécie pas particulièrement les villes. Trop de monde partout. Je suis plus à l’aise seul dans un couloir d’avalanche en compagnie d’une harde de chamois à 05h du mat que dans les ruelles de n’importe quelle ville.

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J’ai passé la nuit chez mes parents au nord de la ville et je me mets en route de bon matin. Premier choc : l’autoroute. Cette satanée autoroute et son tunnel sous Fourvière éternellement en bouchon. Un stop obligatoire à cette heure matinale en temps normal. Ce jour-là : personne, ou presque. Avec quelques camions, j’ai dû voir trois ou quatre voitures en 30 min de trajet, probablement du personnel hospitalier et autre métiers dit indispensable au fonctionnement d’un pays au ralenti.

Le tournage

Pour commencer j’ai le choix entre Fourvière ou bien Confluence. Je choisis Confluence, je sais qu’il y a une énorme antenne sur Fourvière qui risque de poser problème à mon drone Mavic et je ne veux pas perdre la lumière rasante du matin à essayer de régler un problème de liaison avec le drone.

Enfin, commence la prise de vue. La ville est déserte. Je fais des images du musée baigné dans les premiers rayons du soleil et de son voisinage. Je suis limité par la présence de l’autoroute que je n’ai pas le droit d’approcher, mais les images sont là.

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Je mets ensuite le cap sur le Vieux Lyon. Un Vieux Lyon désert. « Tiens, c’est bizarre, je commence à me sentir à l’aise » me dis-je. Finalement la ville ça peut être bien. Non seulement, j’apprécie cette ville vide pour sa tranquillité, mais je prends également conscience que ceci ouvre de nouvelles possibilité pour le pilotage du drone et la prise de vue. Un sentiment grisant commence à naître. Sur la place Saint Jean une équipe de la police me contrôle, les fonctionnaires sont très cordiaux et semblent s’étonner que télépilote de drone soit un vrai métier « Sérieusement ?! Donc vous êtes en train de travailler là en fait ?! ».

Quelques vérifications et ils repartent comme ils sont venus en me laissant sur mon terrain de jeux. Avec mon ordre de mission du réseau comme passe-droit, le Vieux Lyon est à moi.

Je peux même envoyer mon drone dans les ruelles étroites à seulement deux mètres de hauteur si j’ai envie, et je ne me prive pas. Chose impossible en temps normal du fait de la législation qui interdit le survol de personne. J’alterne les plans drone avec les plans au sol à l’Alpha7 III sur mon trépied carbone.

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J’ai choisi une configuration légère et je ne regrette pas. Cathédrale Saint Jean, Palais de justice, les quais, Place Bellecour. Je laisse la voiture dans le Vieux Lyon et je file à Part-Dieu à pied. Les rues commencent petit à petit à se peupler, mais ça reste sporadique. En chemin, je me demande où vais-je faire voler mon drone sans survoler les rares passants.

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Une fois arrivé à la gare, une bonne surprise m’attend : le devant de la gare est en chantier. Un chantier qui est fermé au public et à l’arrêt, une merveilleuse zone d’exclusion des tiers comme on dit dans le métier. C’est-à-dire une zone que je vais pourvoir survoler légalement et de laquelle je pourrais filmer le quartier. Le tout sans avoir mettre de plots ou de rubalise !

En ramenant le drone à moi, une patrouille Sentinelle de l’armée de terre me contrôle. Des gars très sympa qui ont à peu près mon âge qui veulent juste savoir si je suis pas un danger public mais sans trop savoir quoi me demander comme document. Après leur avoir montré ma lettre de mission signée HOsiHO et mon certificat d’aptitude au pilotage d’un drone, ils me laissent filer.

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J’ai passé deux matinées en électron libre dans cette ville fermée avec un petit sentiment de privilégier pour y faire ce qui me passionne depuis bientôt dix ans : de l’image.

 

Toutes ces images sont désormais visibles sur la banque de vidéos aériennes HOsiHO, aux côtés de celles réalisées par les autres opérateurs du réseau repartis sur toute la France.

 

Olivier Mercier, télépilote professionnel, membre du réseau Hosiho